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Le don de la parole

A la recherche du sens en ces temps insensés, temps plongés dans le Sens et dans nos sens qui sont, plus que jamais, appelés à nous servir de guides, dans un « ici et maintenant » dépourvu de raison, d’ordre, si ce n’est que les ordres a-temporels (car sortis du temps humain et divin et plongés dans un temps Autre, inversé) qui régissent nos vies en cette pandémie de déraison…


Comme le titrait un journal en ligne : la pandémie terminée, retour à l’anormal du quotidien.


Ordre: de porter le masque : de ne plus montrer son vrai visage : c’est bien ce que nous faisons depuis des années, dans nos sociétés surconsuméristes, où l’on ne montre que d’infimes parties de nous-mêmes, où l’on ne voit que d’infimes parties des autres, une photo sur Instagram, une demi-pensée sur Twitter, un quart d’émotion sur Facebook où l’on ''like'' avec un dessin, signifiant à l’autre un simulacre d’affect à l’aide d’une béquille symbolisante, sans même avoir recours à un mot. On ne se révèle plus à l’autre, on ne voit plus l’autre, on n’a plus le temps, ni l’envie, ni la capacité de com-prendre l’autre : logiquement, il nous a été interdit de nous prendre dans les bras, de nous voir ! Faut dire qu’on avait poussé la chose tellement loin que l’univers n’avait plus d’autre solution que d’aller dans notre sens et se moquer de nous jusqu’au bout !


Ordre : de se distancier socialement : déjà, on n’était plus une société, on n’était que les éléments d’un tout qui se partageaient des caractéristiques spécifiques à distance à l’aide de toutes sortes de machines, comme une photo d’un coucher de soleil, une citation glanée quelque part, une aire de musique ''online'' - mais sans l’expression de l’émotion qui fait l’humain, sans que l’Autre ait un accès immédiat à notre senti-mentalité, à notre regard, aux larmes dans nos yeux, au tremblement de nos mains qui cherchent, qui trouvent… Quelques fois on pouvait entendre une émotion dans la voix de quelqu’un, ou croire découvrir dans un regard, à travers un écran, une tristesse, une joie, une haine, un amour quelconque… Mais on était si loin les uns des autres, et, lorsque, finalement, au bout de quelques mois, on se retrouvaient dans un aéroport, lorsqu’on pouvait enfin d’embrasser, on voyait que l’ami avait changé, que la mère avait vieilli, que l’enfant avait mûri bien plus que nous n’avions pu nous en rendre compte à distance. Le clou enfoncé dans nos croix librement choisies nous dérange aujourd’hui, mais nous y étions depuis longtemps, gaiement, en plus.


Ordre: de s’isoler, de contrôler, de dénoncer : Isolés, on l’étaient, de plus en plus et de plus en plus vite, toutes ces dernières années… Rendus impatients par la vitesse de fonctionnement des outils qui nous servent et nous asservissent, on est devenus moins tolérants avec les autres, exigeant d’eux ce que nous ne pouvons donner nous-mêmes, respect, droiture, intégrité… On fixe un rendez-vous, mais ce n’est pas grave si l’on est en retard, ou si l’heure ou la date ne nous conviennent plus, ou si l’on a oublié carrément, on envoie un email, un sms, on téléphone, ou on ne fait rien de tout cela, car tout s’est relativisé dans ce monde de la communication à outrance où nous ne savons plus être avec les autres… On a peur de l’autre, car on connait si peu de lui ! Et, puisque l’on a peur, on veut à tout prix le contrôle, tout contrôler. On nous propose-impose un nouvel outil qui nous permet d’assouvir ce besoin fou, cette angoisse qui nous empoisonne la vie ? On saute dessus, on se l’arrache, pour apaiser notre psychisme si éprouvé par des années de délitement, d’agonie de l’être-société !


Passéiste ? En hébreu, ''covid'' à l’envers se lit ''dibuc'' et il rappelle trop ''kavod,'' respect, honneur, poids, foie et bonheur. Un clin d’œil d’En Haut en ces temps où nous avons repoussé toutes les limites de la relation à l’Autre, où l’autre est devenu un objet plus que jamais, un miroir qui nous sert à réfléchir nos névroses, nos besoins, une plaque de résonance sur laquelle on tape avec des « posts » sur les réseaux qui nous ont transformés dans des êtres asociaux, avec des photos sur des plateformes en ligne qui aplatissent nos circonvolutions cérébrales, avec des « comments » superficiels qui se passent et se moquent des mots…


La parole est restée dans le désert, on l’a oubliée là-bas, ''bamidbar'', on ne s’en soucie plus depuis des années, puisqu’il est tellement plus facile de ne plus s’engager avec l’Autre dans ce ''panim-al-panim'', ce faces-à-faces, ce corps-à-corps qu’est le véritable dialogue, où l’on est deux à y mettre nos âmes, nos corps pour construire ce tertio quid qu’est le magnifique présent, temps et cadeau que nous nous faisons à chaque fois, à nous-mêmes et à nos partenaires de paroles, lorsque nous nous rencontrons et lorsque nous discutons. Et l’on s’étonne que l’on nous interdise le dire ! On se sent outrés qu’on ne nous laisse plus exprimer nos pensées ! On est révoltés par la suppression de la liberté de débattre de tout ! Le résultat de nos intentions et de nos actions est là, devant nos yeux, aujourd’hui, depuis des mois, la réponse à notre lancinante question « mais comment a-t-on pu en arriver là ?! » est toute prête, c’est pour cela d’ailleurs que l’on se la pose, cette question, parce que nous connaissons la réponse, elle est en nous, nous l’avons fabriquée, tout comme nous devons assumer la responsabilité de ce qui nous est arrivé, et commencer à réparer : ''tikkun olam''…


Ce ''dibuc'' de ''covid'' est l’âme errante qui s’empare des corps restés sans âmes et qui fait semblant d’être un être humain…


La responsabilité est individuelle et collective. Nous en avons trop fait, ou trop peu. A se soucier uniquement du matériel, nous avons égaré nos âmes. A rester attachés aux hautes sphères intellectuelles ou ésotériques, nous avons perdu nos corps. Il est urgent que nous retrouvions l’équilibre et que rétablissions un lien serré avec nos âmes, pendues à un fil quelque part dans l’univers, encore attachées à nous, heureusement … Les ramener à nous, à la maison, et ne plus jamais les laisser s’éloigner. Trop haut ou trop bas, notre positionnement dans nos vies est à remettre en question afin de trouver un équilibre entre le matériel et le spirituel : l’essence du don de la Torah sur le Mont Sinaï. Moise a été appelé à monter, et D. a choisi de descendre parmi nous : ce double mouvement est circonscrit par et dans un contrat, le plus ancien, entre les Hommes et le Divin, entre le profane et le sacré, et c’est par ce contrat, grâce à lui, que le saint a infusé l’humain, que nous sommes sanctifiés par le ''kavod'', le respect des droits et des obligations qui y sont inscrits. ''Kavod'', source et siège du bonheur, honneur, poids et foie : le respect de l’Autre, individuel et collectif, humain et divin, devient le filtre qui assure la santé de notre bonheur.


Pour nous reconnecter à nos âmes : la joie, ''simha,'' et l’ancrage dans les deux royaumes à la fois, d’en haut et d’en bas, des cieux et de la terre. Et aussi, et surtout : l’importance du dire, de se re-donner la parole, en cadeau, en injonction impérieusement nécessaire, devoir de parole care devoir d’être et de préserver la vie.

L’absence de ''kavod'' nous a valu le covid, ''dibuc'' qui vide nos vies, aussi appelé 19 – dix-neuf, « dire neuf, » dis neuf, à l’impératif même !, un dix et un neuf qui, ensemble ou en soustraction, aboutissent à UN, cette unité que nous avons perdue et dont la perte va nous perdre – n’est-il pas évident qu’il nous faut réinventer le dire aujourd’hui?... Non seulement par des néologismes ou une langue de bois qui nous martèle de la peur tous les jours pour mieux nous assujettir à une non-vie contrôlée dans les moindres détails, à un vol de nos âmes à travers l’épiement constant et sans appel de nos intimités, mais surtout par un « dire vrai », une vrai parole retrouvée, reconquise, en faces-à-faces, avec amour, et sollicitude, et respect, et justesse, et attention à ce que l’Autre, notre Autre sans lequel nous n’existons pas, se sente apprécié dans sa valeur humaine, quoi qu’il fasse… Respecter l’Autre, le reconnaître, le re-connaître, le rencontrer chez lui, chez soi, entre les deux, se lier en vérité et avec justesse : annuler la faute qui avait mené à la destruction du Temple, du Temps, et qui est en train de nous détruire une fois de plus, dans nos temples provisoires et dans nos temps si fragiles. Vivre et laisser vivre, en vérité. Ancrer son âme en soi, en s’attachant au ciel et à la terre.


D’ici, le besoin de divin pour certains d’entre nous, et de profane, pour d’autres. Besoin de s’élever, d’intégrer la dimension spirituelle dans sa vie, ou bien besoin de s’ancrer dans le monde concret, en posant des gestes humains, en faisant des choses humaines, en s’attachant par des liens terrestres… Ramener Dieu dans sa vie, ramener l’Homme dans son existence. L’un sans l’autre est impossible. La terre a besoin d’eau : soif de Dieu, soif d’elle-même dans son essence qui est divine. L’eau a besoin d’aller vers, de couler vers, d’être contenue par la terre, dans la terre, de nourrir, d’arroser. Complémentarité des éléments, complémentarité des êtres humains, qui montre le splendide ordre de l’univers et l’ineffable intelligence divine : en roumain, ''totul are un rost pe lumea asta'', si imparfaitement traduit par « tout a un sens dans ce monde »….


''Rost'', mot intraduisible, riche et caché dans la profondeur de deux langues. ''Rost'' qui veut dire la joie de la signification : ''totul are un rost'', tout a un sens, ou le désespoir de la perte du sens : ''ce rost mai are ?'', quel sens cela aurait-il encore ?... ''Rost'' qui est ancré dans l’espace, dans la terre, ''rostul casei'', le coin de la maison, coin du monde, trinité géométrique qui ramène à l’unité primordiale, partie intégrale du carré des as de notre vie. ''Rost'' qui est action, recherche essentielle couronnée de succès, ''a face rost,'' réussir à trouver, eureka !, joie de l’assouvissement, gaieté d’avoir enfin trouvé, mais aussi, et surtout, ''a-ți face un rost în viață'', fonder un foyer et ainsi donner du sens à son existence, ancrage profond dans la vie, dans le monde profane et sacré, sanctification même de la terre dans cet endroit précis qu’est chaque vie, chaque être humain, ''omul sfințește locul'', l’homme sanctifié le lieu... ''Rost'' qui est mise en ordre, ''a rostui'', trouver la juste place pour toute choses, trouver sa place dans le monde, à côté de l’autre, dans sa propre vie : ''a rostui'', respect pour les lois universelles qui ne sont pas enseignées à l’école, ''kavod'' pour le juste positionnenement de tout ce qui existe et pour l’ordre même des choses. ''Rost'', cet espace entre deux briques, dans un mur, où les oiseaux peuvent plonger leurs becs (''rostrum'') à la recherche de la nourriture, mais aussi, et surtout, cet espace du mur, du Kotel, où nous autres âmes vives allons chercher de la nourriture spirituelle, en y déposant nos prières, nos espoirs, nos supplications, nos quêtes de sens et de nous-mêmes, nos souhaits pour de nouveaux commencements.


''Rost'' qui rappelle justement la racine trilitère רשת resh-shin-tav de ''reshit'', commencement, de ''rosh'', tête, commandant, début de tout, de la vie, du monde, de l’univers, בְּרֵאשִׁ֖ית בָּרָ֣א אֱלֹהִ֑ים אֵ֥ת הַשָּׁמַ֖יִם וְאֵ֥ת הָאָֽרֶץ ''bereshit bara Elohim et hashamaim veet haaretz''... au commencement Dieu créa les cieux et la terre... ''Rost'' comme initiation à une nouvelle vie, comme nouveau commencement, comme seconde chance, comme naissance à nous-mêmes et renaissances à travers l’Autre, encore et encore.


''Mai presus de orice, rost e rostire''. Au-delà de tout, le sens est le dire. Et la traduction nous trahit à nouveau, puisqu’on y perd l’essence du lien entre le sens et la parole en action, en train d’être dite ... Car tout se fait par la parole, la vie est dans le mot, dans sa vérite, ''emet'', tout comme elle dans dans notre mort, ''met'', et combien de fois nous faudra-il encore mourir à nous-mêmes pour nous retrouver, pour monter toujours plus haut, pour devenir ?... De l’ancien français ''rostir'' nous vient un autre sens, brûler, car la parole peut brûler, transformer ou détruire, ''catharsis'' ou ''ekpirosis'', métamorphose ou catastrophe, on peut brûler d’impatience de dire, et c’est aussi avec des paroles qu’on brûle les malentendus que l’on dissipe comme des cendres dans le vent... C'est aussi les paroles qui volent les esprits des gens, qui les mènent à errer en leur disant des mensonges au lieu de leur dire la vérité: הבריות דץת גנבת ''ganevat daat haberiut'', comme cela se passe depuis quelques mois: c’est comme un vol d’âmes, qui brûle les cerveaux en leur donnant trop d’informations contradictoires... Mais avant tout, la parole qui brûle, c’est la Torah, cet ancienne loi si actuelle, cet ancien testament écrit et donné par Dieu „ en feu noir sur feu blanc”, sur une montagne en feu ...


Le don de la parole, le don des ''aseret hadibrot'' sur le Sinaï, dans le désert, ''bamidbar'': mais qui parle? ''mi daber''? Ce don au-delà du précieux, au-delà de ce que nous pouvons en-tendre (avec tendresse, tendre vers et à l’intérieur de, étant déjà placés dans, sur le chemin, ''derek'', du retour, ''techouva'', à nous-mêmes; „à bon entendeur, salut!” dit-on, et ce ne sont pas de simples paroles, car celui qui entend est sauvé), est un don dans la parole, dans l’interrogation incessante: qui parle? Question essentielle de l’homme, car nous nous définissons et nous nous percevons par et dans les mots, les nôtres et ceux des autres; question inconfortable à l’extrême, car elle nous pousse hors de nous: qui es-tu ? dans le désert du questionnement, dans le vide absolu et absolument nécessaire à la construction de soi.

Le silence du désert, le silence de l’Autre laissent la place à la vie. Dieu se retire en lui-même, ''tzimzoum'', pour que le monde puisse exister. La terre se creuse ou se retire pour laisser l’eau se répandre. Faire de la place à l’Autre dans sa vie : ''kavod'', honorer l’autre, source de félicité, de ''simha'', de ''sasson'' qui rappelle ''shoshana'', rose resplendissante, union entre le divin et l’humain, Dieu qui étend la terre sur les eaux, danse et dialogue incessant entre ce qui est en haut et ce qui est en bas. Et, comme la rose a besoin d’eau pour vivre, la parole vient l’arroser et nourrir la terre dans laquelle elle pousse. Le Gan Eden, le Pardes, avec tous ses niveaux de compréhension, se méritent et s’offrent à nous par l’eau-vive de la Parole créatrice. Enivrons-nous de paroles justes et de silences créateurs, de choses lumineuses et de déserts dorés, car ''or'' et ''zahav'' nous donnent ''zakor'', se souvenir, un souvenir doré, l’or du souvenir, ce que nous avons de plus précieux, le souvenir de nos origines, de qui nous sommes réellement, d’où nous venons et d’où nous allons !


Les dix paroles données dans le désert du silence, ''cele zece rosturi rostite în sfințenia tăcerii'', les dix sens dits dans le sacré du silence, dix lois qui vont nous diluer dans le divin, qui vont dire les louanges de ce que l’homme peut atteindre de plus sacré dans sa vie : re-connaître Dieu à sa juste place dans le monde, re-connaître l’Autre à sa juste place dans sa vie, en tant que parent et partie du tout social, re-connaître les règles de fonctionnement de ce tout que nous formons, re-connaître le Temps et l’Espace en s’arrêtant pour garder et se souvenir, ''shomer ve zakor'', pour ob-server le chabat, ''tseena ou reena'', moment où l’on est présent et attentif comme ש shin-l’auréus-cobra royal dressé, en sortant de notre maison intérieure (bet, ''bait'') et en voyant, c’est-à-dire en admettant l’existence (''ac-knowledge'', être avec la connaissance) de la marque que nous portons et qui nous construit : ת tav, symbole, alliance, complément. Benveniste voit dans la lettre tav un ancien croisement de bâtons, un carrefour, une lutte et un partage (car toute confrontation est d’abord et surtout un échange, et vice-versa, n’est-ce pas ?) L’âme complémentaire qui nous est offerte à chaque chabat, le tav qui vient nous remplir, nous soutenir, nous aider à y voir plus clair, est ancrée dans le signe, ''ot'', signe d’alliance entre les humains et le divin. Ce tav est aussi perfectibilité, vide qui permet la création, retrait qui laisse advenir le monde et l’homme.


Et on ne peut pas relire la paracha Ki-Tissa et la seconde descente de Moise du Mont Sinaï avec les nouvelles tables des dix paroles, un Moise transfiguré par la rencontre avec D., et qui se couvrait le visage quand il se montrait au reste du peuple sans faire le lien avec ce que nous sommes en train de vivre : en ce temps masqués, combien d’entre nous ont eu la chance de mettre en œuvre ce que, par exemple, notre rabbin ici nous avait conseillé au tout début de cette crise, à savoir rentrer en nous-mêmes, profiter de cette période pour mieux nous connaître, nous réparer, nous renouveler, nous préparer à une nouvelle vie, car rien ne sera plus comme avant ? Combien d’entre nous ont ressenti l’actualisation de la descente du Sinaï, de l’imposition des nouvelles lois, de la responsabilité énorme, d’ordre divin et humain, que Moise portait sur ses épaules, combien d’entre nous ont su saisir cette chance de revivre l’intimité avec le divin en nous-mêmes, chez nous, pour ressortir illuminés, brillants de joie, tellement scintillants que nous devions nous cacher derrière des voiles pour protéger les autres qui ne sont pas prêts encore ?...


Notre rencontre essentielle avec l’Autre se fait le chabat, l’Autre divin qui est en nous, et avec Dieu, et avec l’Autre Homme que nous rencontrons ce jour-là, ami, connaissance, parent, enfant, mari ou femme, et c’est là un moment propice pour redécouvrir cet Autre tellement important dans notre vie, le regarder autrement que pendant le reste de la semaine, avec sérénité, avec joie, dans la paix, dans la tranquillité de cet espace-temps en dehors de la vie de tous les jours, et pourtant si humain, recréé à partir de chaque vendredi soir.

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