Je suis sortie hier après-midi sous la pluie. En attendant que le feu passe au vert au premier carrefour, j’ai vu les gens attablés aux terrasses. On sort pour se re-définir, pour se rassurer et aussi pour se retrouver, se redécouvrir. La définition implique la fin, le limes, les confins de cet éprouvant confinement, fine frontière entre ce que nous avons été et ce que nous serons encore demain. L’ultime définition de soi est la rencontre avec l’autre, de l’autre, aujourd’hui dans la faim de cet Autre qui est là, à l’extérieur de nous, mais aussi ici, en nous, et qui s’actualise sans cesse. On se définit étymologiquement, du latin dē- et fīniō, en mettant des barrières, en marquant des fins innombrables dans nos vies… Toute définition est une mort certaine qui nous parle : de quelque chose, de nous… Le proto-indo-européen *dʰeygʷ- nous aide à nous préciser davantage : "creuser, mettre en place", planter, alors que la racine *bʰeyd- signifie carrément "casser, diviser, trouer". En vieux persan on parlait même du démon de la mort… Quelle danse de la vie et de la mort, quelle nostalgie des origines dans ce besoin si actuel de nous redéfinir ! Le préfixe dē- nous montre d’où nous venons, à quoi nous sommes reliés, vers où nous nous dirigeons, ce que nous fuyons, ce qui nous inquiète, d’où nous tenons nos certitudes : "Juris utilitas vel a peritis vel de libris depromi potest."
10 juin 20201 min de lecture
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